"Sé nou menm ka fout' nou dan la merde"
Entendu hier sur RCI. Cette parole pleine de sagesse: "Au marché, les fruits et légumes locaux sont plus chers qu'au supermarché. Sé nou menm ka fout' nou dan la merde."
La semaine dernière, au marché, j'ai acheté des légumes dont 1 avocat. La femme m'a fait payer 1€ l'avocat. Elles était partie de 2€. J'ai soupçonné un délit de faciès quand je lui ai dit "arrêtez ça! c'est 1,50€ le kilo en supermarché!" et qu'elle m'a répondu "ah mais je n'ai jamais vu qu'on vend les avocats au kilo".
Mwen diyi: "dans tous les supermarchés le la Martinique on vend les avocats au kilo et vous me dites qu'ici on vend à la pièce? ah mais non!". Sé pa paske mwen zorey ki fo couillonner mwen!
En métropole, oui, l'avocat moche et rachitique est vendu une fortune à la pièce. Mais ici, jusqu'à il y a quelques semaines, on trouvait l'avocat à 95 centimes le kilo dans les magasins hard discount.
Donc la lutte contre "la vie chère", il ne faut pas la réduire à la mise en scène de l'exploitation de la pauvre population antillaise par les méchants békés qui dirigent l'économie de l'île.
On va jusqu'à accuser le vieux Despointes d'"apologie de crime contre l'humanité" parce qu'il a dit "On voit des familles avec des enfants de couleurs différentes, il n'y a pas d'harmonie. Nous on a voulu préserver la race". Entre racisme et apologie de crime contre l'humanité, il y a un petit décalage, non? Et parce qu'un béké a dit une connerie, on appelle à la chasse aux békés.
Non, cette grève n'a rien d'idéologique. C'est un conflit social, un pur prétexte à vengeance de l'Histoire. Et comme d'habitude, on appelle "papa l'Etat" au secours pour remplir les porte-monnaies.
Les Antillais disent "nous sommes des esclaves". Il faudra m'expliquer en quoi travailler en échange d'un salaire est de l'esclavage.
Vivement que je quitte cette île. Je n'en peux vraiment plus de toutes ces incohérence, de cette immaturité, de cet irrationnalisme.
